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Les carrières souterraines de Paris

L’histoire des carrières souterraines de Paris remonte à plusieurs siècles. Ces carrières ont été exploitées pour fournir les matériaux de construction nécessaire à la croissance de la ville. Cependant, ces exploitations eurent souvent des conséquences désastreuses, avec des effondrements de terrains et des accidents mortels.

Un exemple notable est l’effondrement de Denfert-Rochereau en 1774, qui a entraîné la formation d’un gouffre béant au cœur de la ville. Un autre incident grave s’est produit à Clamart en 1776, où un effondrement a causé des dégâts considérables aux propriétés environnantes.

Face à ces dangers, l’Inspection Générale des Carrières fut créée en 1777 sous le règne de Louis XVI et dirigée par Charles-Axel Guillaumot. Son but principal était de surveiller et de contrôler les vides dans la région parisienne. Cette création était une réponse directe aux effondrements de terrains menaçant la sécurité publique. L’Inspection a entrepris des travaux de cartographie, de consolidation et de documentation des carrières existantes. La surveillance se renforça pour les nouvelles activités d’extraction.

Missions et fonctions de l’Inspection Générale des Carrières

Sécurité : stabilité des vides

Parmi les consolidations traditionnelles réalisées à cette époque, on retrouvait principalement les hagues et bourrages, les piliers à bras et les piliers maçonnés. Article détaillé sur les usages et fonctions des consolidations ici.

Les maçonneries nécessitaient de la chaux pour être stables. Pour cela, il était nécessaire de disposer de bassins à chaux pour confectionner sur place de ce liant. Il faut retenir de manière simple que la chaux est un liant qui autorise la respiration des murs alors que le ciment, certes plus rapide à la prise, est totalement imperméable.

Cette chaux devait-être éteinte à l’eau, d’où la présence générale de puits à eau à proximité de ces ateliers.

Dans cet objectif de consolidation et de suivi de chantier, il était nécessaire de garder une trace de ces travaux et de pouvoir s’y diriger. Pour cela, on retrouve deux grands types de plaques : les plaques de consolidation et les plaques de rue.

Les plaques de consolidation indiquaient le numéro de création du pilier, l’initiale de l’inspecteur en chef en poste au moment de la construction et l’année de sa réalisation. On les trouve aussi bien sur les piliers que sur les cloches de fontis par exemple.  

Les plaques de rues, quant à elles, avaient pour fonction d’orienter les personnes en charge des contrôles ou des travaux. Les galeries d’inspection correspondaient généralement aux rues de surface.

On retrouve parfois quelques erreurs commises par des ouvriers étourdis lors de la taille des plaques. 

Pour accéder à ces chantiers et galeries d’inspection, l’IGC a aménagé au fil du temps des escaliers et des puits d’accès pour faciliter ces contrôles. Les escaliers disposaient également de leur plaque, indiquant leur profondeur initialement en pieds, puis en mètres après la Révolution.

Surveillance des nappes parisiennes

D’autres travaux, tels que le creusement de puits à eau atteignant la nappe, ont été réalisés pour surveiller en direct le niveau de la nappe par rapport au niveau d’étiage de la Seine. Article et visite virtuelle visible ici

Dans une moindre mesure, l’IGC s’est permis quelques extravagances comme l’aménagement de fontaines et de cabinets minéralogiques. Ces ouvrages n’ont pas d’utilité pratique, mais constitue des ouvrages esthétiques et démonstratifs.

Création des Catacombes de Paris

En parallèle, peu de temps après la création de l’Inspection générale des carrières, on a trouvé une nouvelle fonction à ces vides. Entre 1786 et 1788, suite à de fortes épidémies liées à la gestion des cimetières, il a été décidé d’exhumer les dépouilles principalement du cimetière des Saints-Innocents, le plus grand de Paris, fermé en 1780 après des siècles d’utilisation. Les ossements ont été transportés et déversés dans les carrières par deux puits de service, puis disposés par des ouvriers carriers dans les galeries. Ce n’est que quelques années plus tard que le successeur de Guillaumot, Hericart de Thury, décidera d’aménager ces ossements pour en faire le musée des catacombes tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Aujourd’hui, l’IGC remplit toujours son rôle de contrôle des vides souterrains et de surveillance hydrogéologique. La brigade continue également des travaux au sein de l’ossuaire officiel lorsque cela est nécessaire. 

Utilisations modernes

Une fois le besoin principale de sécurité assuré par l’inspection générale des carrières, ces vides ont connu sous sa capitale et sa banlieue divers usages. 

Des usages de protection en temps de guerre directement dans les carrières ou dans des bunkers aménagé à cet effet comme il était très courant en période de guerre.

De nombreuses carrières souterraines de Paris ont été réutilisés en brasserie, cave à vin, fromage, stockage d’aliment comme la banane et d’autres breuvages en raison du climat favorable.

Mais aussi à des usages scientifiques comme ce fut le cas pour le célèbre souterrain du jardin des plantes.

Le réservoir de Montsouris

L’histoire de la consolidation des carrières souterraines sous l’actuel réservoir de Montsouris commence avec l’exploitation d’une vaste carrière jusqu’en 1850, dans le quartier du Petit-Montrouge, en dehors des limites de Paris à l’époque. Ces carrières devaient être transformées pour accueillir les futurs réservoirs. Pour ce faire, un travail colossal a été entrepris, impliquant la construction de 1800 piliers pour soutenir les réservoirs.

Les travaux débutèrent le 7 septembre 1868 sous la direction de M. de FOURCY Ingénieur en Chef des Mines ; Inspecteur général des Carrières. Ils s’achevèrent le 31 janvier 1874.

Pour mener à bien ces travaux, vingt-deux puits de service ont été creusés à intervalles réguliers pour permettre l’accès des ouvriers et des matériaux nécessaires à une profondeur d’une trentaine de mètres. Ces puits ont été placés en dehors de l’emplacement des réservoirs pour éviter de perturber les travaux en surface.

Les fouilles ont permis de repérer cinq fontis qui devaient être consolidées, soit par des maçonneries, soit par des remplissages en béton par le dessus. La méthode de consolidation principale consistait à ériger 1800 piliers en maçonnerie sous les 1800 piliers soutenant les voûtes des réservoirs. L’espace entre ces piliers a été comblé avec d’anciens remblais, consolidés et maintenus par des séries de hagues.

Des galeries de circulation et de surveillance ont été aménagées dans la carrière consolidée, avec huit couloirs parallèles de 260 mètres orientés d’est en ouest et douze galeries perpendiculaires de 130 mètres. Au total, 9 920 mètres carrés de maçonneries ont été construits, représentant 27,5% de la superficie totale du réservoir, qui s’étend sur 36 000 mètres carrés.

L’usine à gaz

De 1836 à 1937, une usine à gaz se trouvait sur l’actuel site du parc de Choisy. À la sortie des fours, le gaz passait au collecteur, arrivait au condenseur, où il était refroidi. Par la suite, il était stocké dans l’un des 7 gazomètres de 55 mètres de diamètre.

Pour construire les énormes réservoirs de gaz, en forme de cloche, il a fallu sécuriser les anciennes carrières qui se trouvaient à l’aplomb de ceux-ci. L’Inspection générale des carrières a donc fait construire des galeries qui épousent la forme ronde des gazomètres, avec quelques transversales qui les relient les unes aux autres. Des voûtes et des encorbellements en pierre, parfois en brique, soutiennent le ciel.

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