Introduction aux bunkers stratégiques
Les bunkers stratégiques sont des structures souterraines fortifiées conçues pour protéger le personnel, l’équipement et les opérations essentielles en cas de conflit ou de catastrophe. Ces installations, souvent secrètes, jouent un rôle dans la défense nationale et la continuité des services vitaux.
Développés principalement au cours du 20e siècle, en réponse aux menaces croissantes des bombardements aériens et des armes nucléaires, les bunkers stratégiques ont évolué pour répondre à divers besoins militaires, gouvernementaux et civils.
De la Seconde Guerre mondiale à la Guerre froide, ces structures souterraines ont abrité des postes de commandement, des centres de communication, des usines de production militaire, et même des hôpitaux.
Abris pour services essentiels
Afin d’assurer un service opérationnel en toute circonstance durant les périodes de crise, certains bunker furent mis en place, permettant de maintenir les télécommunications ou la gestion de l’électricité.
Le centre électrique EDF « Aboukir »
Le Centre Électrique EDF d’Aboukir est un site industriel construit en 1926 par la Compagnie parisienne de distribution d’électricité (CPDE), qui a été plus tard fusionnée avec Électricité de France (EDF). Il était équipé de turbines à vapeur pour produire de l’électricité à partir de charbon pour la ville de Paris même en temps de conflit, d’où la construction de ce petit bunker.
Gare de l’Est (voir visite virtuelle)
Origine et occupation de l’abri
Spécialement construit pour faire face aux attaques aériennes, notamment aux gaz qui ont sévi pendant la Première Guerre mondiale et fortement marqué les pouvoirs publics, ce lieu a été occupé tout d’abord par des militaires et des cheminots. Sous l’Occupation, ils furent remplacés par une direction allemande.
Fonction et classification de l’installation
La fonction de cet abri était d’abriter une activité ferroviaire essentielle aux opérations : le commandement et la régulation du trafic sur toute la région de l’Est, d’une part, et dans l’ensemble des voies de la gare, d’autre part. Le terme de bunker est d’ailleurs impropre puisqu’il n’est pas fortifié. Il s’agit ici d’un abri « actif ». Commandé en avril 1939 par les autorités militaires, il a été achevé en novembre 1941.
Configuration et équipements de l’abri
Le dédale souterrain compte ensuite onze salles, chacune ayant une fonction précise. D’un côté, les deux salles réservées au commandement, et les quatre salles dédiées à la régulation des trains ; de l’autre, les trois salles qui leur donnent les moyens de fonctionner : énergie, soufflerie, central téléphonique, précédées d’une antichambre pour le surveillant. Un groupe électrogène, des piles et des accumulateurs ont été installés pour que 50 personnes puissent travailler et respirer 10 heures durant dans l’abri, sans remplacement de l’air ambiant. Mais aussi, pour remplacer ces équipements, des bicyclettes fixes ont été prévues pour produire l’électricité nécessaire à la ventilation et au filtrage de l’air.
Mystère sur l’utilisation réelle et état de conservation
Une zone d’ombre subsiste sur son utilisation réelle. Outre l’état parfait des installations, aucun témoignage ne nous en est parvenu, aucun graffiti ou marque d’usure. Les inscriptions allemandes montrent que les occupants l’avaient préparé pour leur usage.
Valeur historique unique
Après le démantèlement des abris semblables dans les gares de Paris, l’abri de la gare de Paris-Est est un lieu témoin unique.
Abri Orange (Saint-Amand)
Origine et fonction initiale de l’abri Saint-Amand
Tout d’abord conçu comme un centre d’amplification des lignes souterraines grande distance, notamment pour assurer les communications entre Paris et Strasbourg ainsi que Paris et Metz, ces lignes revêtaient une importance cruciale pour la communication avec les villes de l’est et la ligne Maginot.
Réaffectation et utilisation militaire (1960-2000)
De 1960 jusqu’aux années 2000, il a été réaffecté comme centre télégraphique et téléphonique militaire, assurant toutes les opérations de routage des communications télégraphiques de l’armée, des ministères, des services de renseignement et de l’OTAN. Dans ce but, cet abri, construit sur trois étages, a été aménagé pour le confort des officiers en cas d’alerte prolongée, avec des salles de repos et des dortoirs.
Abandon et obsolescence de l’abri
Depuis lors, l’abri Saint-Amand est tombé dans l’oubli en raison de la présence importante d’amiante dans les locaux, combinée à l’obsolescence du télégraphe et des lignes téléphoniques filaires. De plus, la privatisation de France Télécom et la vente de la parcelle ont entraîné le déménagement des installations.
Centre national de mise en œuvre des télécommunications spatiales et radio
Bunkers administratifs et de secours
Les bunkers de secours dans les capitales
Dans la catégorie des bunkers de secours, on peut retrouver de nombreux bunkers dans les capitales, situés sous des bâtiments stratégiques.
Un bunker secret sous le Parlement
Ce bunker anti-nucléaire, autrefois secret, situé à 50 mètres sous terre, se trouvait sous un Parlement. Son objectif était de mettre en sécurité les dirigeants et son comité en cas de raid nucléaire éventuel. Une fois le danger passé, ils étaient censés prendre le métro jusqu’à une gare, puis changer pour un train blindé. Cet ouvrage souterrain fut construit par des ouvriers qui pensaient créer un tunnel de métro, afin qu’ils ne puissent pas divulguer que ce cela deviendrait un bunker secret.
Caractéristiques et équipements de l’Abri H4
L’abri pouvait accueillir 2 200 personnes, avec une superficie de 3 500 à 3 800 mètres carrés, a été achevé en 1962 ou 1963. Il était équipé d’un mécanisme de filtration de l’air d’une capacité de 4 000 mètres cubes, adapté à filtrer les poussières radioactives. Un réservoir d’eau de 150 mètres cubes et un générateur ont également été installés, capables de produire jusqu’à 30 kW d’électricité.
Quartier Général des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI)
Le PC rol tanguy : le bunker secret de la résistance parisienne
Initialement conçu comme un abri de défense passive, ce bunker souterrain a été réutilisé par le colonel Rol-Tanguy comme Poste de Commandement de la Résistance le 20 août 1944, au début de l’insurrection populaire contre l’occupant nazi.
La découverte des catacombes
En 1943, René Suttel, un étudiant en médecine, découvrit un accès aux catacombes via un escalier de l’hôpital Saint-Anne, reliant l’abri aux célèbres carrières de Paris. Avec son ami Jean Talairach, il cartographia les galeries, explorant les abords des abris allemands pour en déterminer les limites.
Un atout stratégique pour la Résistance
Leur travail clandestin permit de révéler le potentiel stratégique de cet abri. En partageant leurs découvertes avec la Résistance, ils aidèrent le colonel Rol-Tanguy à établir un poste de commandement efficace, facilitant ainsi la coordination de l’insurrection contre l’occupant.
Usines souterraines et production militaire
Centre industriel aéronautique : Le centre V
Dès 1936, le Ministère de l’Air s’intéresse au potentiel du site de Cravant. Un vaste projet aéronautique intitulé « Centre V » est imaginé par les ingénieurs pour transformer la plaine et les carrières en un site industriel à l’abri des bombes. Le bénéficiaire est la Société Nationale de Constructions Aéronautiques de Sud Est : la SNCASE. Elle doit occuper le site pour y assembler le bombardier moyen moderne dont la France a tant besoin, le « LeO45 ».
Un projet inachevé face à l’invasion allemande
Malheureusement, ces grands travaux ne débutent qu’à la déclaration de la guerre en septembre 1939, et malgré les efforts des bâtisseurs, aucun ouvrage ne sera achevé au moment de l’invasion allemande de juin 1940. Le « Centre V » devait pourtant produire des pièces et assembler le bombardier.
L’occupation allemande et la réparation d’avions
Les Allemands prirent toutefois possession des lieux en octobre 1943 pour les occuper jusqu’en août 1944. Ce sera plus de 160 avions qui seront réparés dans les carrières souterraines.
Les vestiges de l’occupation et leur disparition
Les occupants ont laissé derrière eux un nombre considérable de carcasses d’avions, comprenant légèrement plus de 120 fuselages et environ 150 voilures, ce qui a transformé la carrière souterraine en un paysage apocalyptique, parsemé de pièces d’avions éparpillées. Cependant, de nos jours, il ne subsiste plus rien de tout cela, car les utilisateurs successifs ont complètement effacé toute trace de ces vestiges.
Introduction aux missiles V1
Les missiles V1, également connus sous le nom de Vergeltungswaffe 1 (ou Vengeance Weapon 1) ou encore « buzz bombs », ont été développés par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces missiles, propulsés par un moteur à réaction, étaient conçus pour frapper des cibles stratégiques à longue distance, principalement des villes ennemies.
Utilisation des sites souterrains pour les missiles V1
Les sites souterrains étaient fréquemment réquisitionnés pour en faire des usines de missile V1. Ces tunnels servaient de rampes de lancement pour les V1, offrant un certain nombre d’avantages tactiques aux forces allemandes. Tout d’abord, les souterrains offraient une protection contre les bombardements alliés, permettant aux missiles d’être stockés et lancés en toute sécurité. De plus, ils permettaient un lancement discret et rapide des missiles, réduisant ainsi les chances de détection par les forces alliées.
Les tunnels du Cannerberg : une usine d’assemblage
Dans les années 40, les forces d’occupation nazies prirent possession des tunnels du Cannerberg (Pays-Bas) datant du médiéval. Ces tunnels seront alors utilisés pour établir une usine d’assemblage des missiles de type V1. Lors de l’offensive des Ardennes, les forces allemandes sont chassées du site, et les militaires évacués, permettant ainsi au commandement armé des forces américaines d’en prendre le contrôle.
Reconversion du site en poste de contrôle américain
Après la Seconde Guerre mondiale, et surtout avec l’avènement de la guerre froide, les forces américaines installent un poste de contrôle sur le site en 1949. Le commandement évalue favorablement les installations existantes, notant également que les voies d’accès sont déjà bétonnées et que l’électricité est en place. Du fait de son emplacement isolé, le site est jugé idéal et la carrière est alors transformée en bunker. Les travaux d’aménagement commencent en 1956, et le site est classé top-secret.
Transformation des galeries en infrastructures militaires
Cette transformation entraîne une profonde métamorphose de l’ensemble des galeries. Une véritable ville souterraine émerge, avec notamment le bétonnage de certaines galeries, en particulier près de l’entrée principale. Les accès sont strictement contrôlés, et diverses infrastructures militaires sont érigées : poste de commandement, salle des machines, salle de téléphones, citernes, cuisine, infirmerie, toilettes et douches, bar, etc.
Disparition des traces du passé médiéval
Pendant cette phase d’installation, tous les murs de la carrière sont scrupuleusement raclés, entraînant la disparition totale des inscriptions médiévales qui s’y trouvaient. Des signalétiques directionnelles sont alors installées, et les principaux axes sont transformés en rues, portant des noms tels que Alphastreet, Bravostreet, Golfstreet, Foxtrotstreet, etc.. (voir visite virtuelle)
Le développement et l’impact stratégique du missile V2 pendant la Seconde Guerre mondiale
Le développement du missile V2 : une arme de représailles allemande
Un peu partout dans le nord de la France, les Allemands ont entrepris de fabriquer et de stocker le missile A4 V2. Cette fusée avait une portée de 300 km, pour une précision de 8 km. Le propulseur qui l’anime fonctionne à l’alcool avec de l’oxygène liquide comme comburant.
Origines et caractéristiques du V2
Suite aux premières défaites allemandes, Hitler amorce le 22 décembre 1942 le programme de production industrielle de la fusée A4, qui est alors renommée V2. Ce nom est l’abréviation de « Vergeltungsawaffe 2 », ce qui signifie : « Arme de représailles N°2 ». Le choix de cette arme, plutôt qu’une autre, vient du fait que la fusée ne pouvait être contrée par aucune autre. De plus, elle peut être tirée à partir de sites de lancement mobiles et difficilement repérables.
Objectifs stratégiques et mise en œuvre
L’objectif était de bombarder Londres et d’empêcher le débarquement allié en Normandie, mais elle fut opérationnelle trop tard. L’organisation Todt prend en charge ce plan de construction d’ouvrages bétonnés spéciaux (« Sonderbauten ») destinés à produire les fusées. Il fut décidé de créer 2 types d’ouvrages : des usines d’assemblage et de stockage ainsi que des usines de production d’oxygène liquide. Ce gaz était prévu pour être utilisé comme comburant pour la fusée allemande V2.
La transition des V1 aux V2 : une évolution technologique
La transition des missiles V1 aux missiles V2 pendant la Seconde Guerre mondiale était motivée par l’amélioration des technologies de propulsion et des capacités militaires allemandes. Les missiles V2 offraient une portée plus grande, une précision accrue, une capacité à transporter des charges explosives plus importantes, et répondaient aux besoins changeants de la stratégie militaire allemande pour infliger des dommages massifs aux villes alliées.
L’évolution stratégique du souterrain de Cherbourg : du stockage de torpilles à la Guerre froide
Construction du souterrain pour le stockage de torpilles (1933-1939)
Le creusement d’un souterrain a débuté en 1933, pour y abriter un magasin de stockage de torpilles pour les sous-marins basés à Cherbourg. Après quatre années de travaux, le site est achevé : le long d’une galerie centrale de 98 mètres, huit alvéoles latérales sont creusées pour accueillir les torpilles et tester leur étanchéité. Les ouvriers ont juste eu le temps de s’y installer avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale.
Occupation et expansion allemande (1940)
Le 19 juin 1940, malgré une résistance vaillante, le fort qui domine la Montagne et ses souterrains doit baisser pavillon devant les Allemands. Convaincus de son utilité stratégique, ils creusent d’ailleurs une galerie supplémentaire et quatre batteries, abritant chacune un canon de 105 d’une portée de 15 kilomètres, le tout relié par un poste de commandement.
Libération par les Alliés (1944)
Quatre ans plus tard, presque jour pour jour, les installations militaires sont prises par les Alliés. L’assaut donné par le 313e régiment d’infanterie de l’armée américaine se termine par des combats à l’arme blanche. Les pertes sont très lourdes de part et d’autre.
Utilisation pendant la Guerre froide
Durant la Guerre froide, le souterrain conserve sa vocation. Il est aussi prévu qu’en cas de conflit armé ou d’exercices, l’amiral commandant l’arrondissement maritime y installe son PC. Dans la salle de commandement, pas de bouton rouge pour déclencher une attaque nucléaire, ni même de fauteuil élyséen. Mais des cartes géantes aux murs, des portes blindées et un sas d’évacuation
Cuve de stockage
On retrouve également pour différents projets militaires de nombreuses cuves de stockage de mazout ou de produit chimique destinées à la fabrication de missiles et d’armes
Usine de production de turbine pour les avions de guerre
Les bombardements alliés et la réponse d’Hitler
En 1943, les forces américaines et britanniques ont lancé une campagne de bombardement réussie contre les usines de l’Allemagne nazie. Face à cette menace, Hitler a ordonné le déplacement des usines sous terre vers des endroits secrets afin de maintenir la production de guerre vitale.
Le projet de construction souterraine
Une colline en Allemagne a été sélectionnée pour la construction de tunnels d’une superficie allant de 42 000 à 60 000 mètres carrés. Les travaux ont débuté en avril 1944, impliquant une grande entreprise de construction allemande spécialisée dans les structures souterraines.
Les travaux ont débuté en avril 1944, impliquant une grande entreprise de construction allemande spécialisée dans la construction de structures souterraines, telles que les réseaux d’égouts et les chemins de fer souterrains. Fondée en 1890, cette entreprise avait joué un rôle crucial dans la reconstruction de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale et avait contribué à la création d’emplois dans le secteur du bâtiment avant la guerre.
L’exploitation de la main-d’œuvre forcée
Le camp de concentration nazi, situé à proximité, fournissait la main-d’œuvre esclave pour les travaux. Ce projet a coûté la vie à approximativement 4 500 travailleurs esclaves.
L’ampleur du projet et sa finalité
À la fin de la guerre, environ 13 km de tunnels avaient été creusés pour abriter une usine produisant des pièces de turbine pour les avions de guerre.
La libération et le sauvetage
Le 11 avril 1945, les tunnels et le camp ont été libérés par l’armée américaine, et près d’un millier de prisonniers ont été secourus du camp de concentration.
Après la Seconde Guerre mondiale, les bunkers, initialement destinés à être démolis par l’Armée rouge, ont été préservés pour une utilisation future. Dans les années 1970, l’armée est-allemande a considérablement agrandi ces tunnels pour former un dépôt de ravitaillement avancé. Approvisionnés avec des tonnes de munitions et d’équipements, les tunnels pouvaient distribuer leur stock en 24 heures grâce à un système efficace de chargement.
Après la réunification, l’armée nationale de la République fédérale d’Allemagne a repris les tunnels, retirant toutes les munitions pour des raisons de sécurité.
Hôpitaux souterrains : un refuge stratégique en temps de guerre
L’hôpital du Val Criquet
Protection et sécurité renforcées
Les hôpitaux souterrains offrent une protection inégalée contre les attaques aériennes et les bombardements en temps de guerre. Construits sous terre, ces établissements médicaux résistent aux explosions et aux débris, assurant la sécurité des patients et du personnel soignant dans les situations les plus dangereuses.
Équipements de pointe pour des soins optimaux
Ces structures sont dotées de systèmes avancés de ventilation, de filtration d’air et de purification d’eau, garantissant un environnement sanitaire de haute qualité. L’autonomie énergétique est assurée grâce à des générateurs de secours et des réserves stratégiques, permettant le fonctionnement continu même en cas de coupures des services essentiels.
Résilience face aux crises
En période de conflit, les hôpitaux souterrains constituent un refuge sûr pour dispenser des soins d’urgence vitaux. Leur conception robuste et leur équipement spécialisé en font des centres médicaux cruciaux lorsque les infrastructures de surface sont menacées ou saturées.
Un modèle d’adaptation médicale
L’innovation des hôpitaux souterrains démontre la capacité d’adaptation du secteur médical face aux défis sécuritaires modernes. Ces installations représentent une avancée significative dans la protection des soins de santé en zones de conflit, alliant sécurité renforcée et efficacité médicale.