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Bunker stratégique

Militaire

Certains bunkers sont conçus pour servir de quartiers généraux de la où les officiers pouvaient planifier les opérations militaires en toute sécurité. Il s’agit parfois de poste de commandement provisoire, utilisé qu’en cas d’attaque ou de façon permanente. Dans la région parisienne, on retrouve quelques objets de cette typologie. 

  • PC rol tanguy

Initialement prévu comme abri de défense passive, ce bunker fut utilisé par le colonel Rol-Tanguy pour y installer son Poste de Commandement de la Résistance le 20 août 1944, dès le début de l’insurrection populaire contre l’occupant. Ce poste a pu voir le jour grâce à sa rencontre avec René Suttel, étudiant en médecine à Paris dans les années 40. En 1943, il découvre les « catacombes » en descendant par un escalier de l’hôpital Saint-Anne qui donne sur une partie abri, elle-même reliée aux carrières de Paris. Accompagné la plupart du temps par son ami Jean Talairach, ils cartographièrent les carrières. Se balader dans les catacombes pendant l’Occupation n’était pas sans danger, ils investiguèrent autour des abris allemands pour en définir les limites et les issues. Ce travail clandestin qu’ils effectuaient les incita à le rendre utile en faisant part de leur plan à une organisation de la Résistance dont faisait partie le colonel Rol-Tanguy.

Service

Afin d’assurer un service opérationnel en toute circonstance durant les périodes de crise, certains bunker furent mis en place, permettant de maintenir les télécommunications ou la gesstion de l’électricité.

  • Aboukir

Le Centre Électrique EDF d’Aboukir est un site industriel construit en 1926 par la Compagnie parisienne de distribution d’électricité (CPDE), qui a été plus tard fusionnée avec Électricité de France (EDF). Il était équipé de turbines à vapeur pour produire de l’électricité à partir de charbon pour la ville de Paris même en temps de conflit, d’où la construction de ce petit bunker.

Spécialement construit pour faire face aux attaques aériennes, notamment aux gaz qui ont sévi pendant la Première Guerre mondiale et fortement marqué les pouvoirs publics, ce lieu a été occupé tout d’abord par des militaires et des cheminots. Sous l’Occupation, ils furent remplacés par une direction allemande.

La fonction de cet abri était d’abriter une activité ferroviaire essentielle aux opérations : le commandement et la régulation du trafic sur toute la région de l’Est, d’une part, et dans l’ensemble des voies de la gare, d’autre part. Le terme de bunker est d’ailleurs impropre puisqu’il n’est pas fortifié. Il s’agit ici d’un abri « actif ». Commandé en avril 1939 par les autorités militaires, il a été achevé en novembre 1941.

Le dédale souterrain compte ensuite onze salles, chacune ayant une fonction précise. D’un côté, les deux salles réservées au commandement, et les quatre salles dédiées à la régulation des trains ; de l’autre, les trois salles qui leur donnent les moyens de fonctionner : énergie, soufflerie, central téléphonique, précédées d’une antichambre pour le surveillant. Un groupe électrogène, des piles et des accumulateurs ont été installés pour que 50 personnes puissent travailler et respirer 10 heures durant dans l’abri, sans remplacement de l’air ambiant. Mais aussi, pour remplacer ces équipements, des bicyclettes fixes ont été prévues pour produire l’électricité nécessaire à la ventilation et au filtrage de l’air.

Une zone d’ombre subsiste sur son utilisation réelle. Outre l’état parfait des installations, aucun témoignage ne nous en est parvenu, aucun graffiti ou marque d’usure. Les inscriptions allemandes montrent que les occupants l’avaient préparé pour leur usage.

Après le démantèlement des abris semblables dans les gares de Paris, l’abri de la gare de Paris-Est est un lieu témoin unique.

  •  Abri Orange (Saint-Amand)

Tout d’abord conçu comme un centre d’amplification des lignes souterraines grande distance, notamment pour assurer les communications entre Paris et Strasbourg ainsi que Paris et Metz, ces lignes revêtaient une importance cruciale pour la communication avec les villes de l’est et la ligne Maginot. De 1960 jusqu’aux années 2000, il a été réaffecté comme centre télégraphique et téléphonique militaire, assurant toutes les opérations de routage des communications télégraphiques de l’armée, des ministères, des services de renseignement et de l’OTAN. Dans ce but, cet abri, construit sur trois étages, a été aménagé pour le confort des officiers en cas d’alerte prolongée, avec des salles de repos et des dortoirs.

Depuis lors, l’abri Saint-Amand est tombé dans l’oubli en raison de la présence importante d’amiante dans les locaux, combinée à l’obsolescence du télégraphe et des lignes téléphoniques filaires. De plus, la privatisation de France Télécom et la vente de la parcelle ont entraîné le déménagement des installations.

  • Centre national de mise en œuvre des télécommunications spatiales et radio

Administratif

  • Abri H4

Dans la catégorie des bunkers de secours, on peut retrouver de nombreux bunkers dans les capitales, situés sous des bâtiments stratégiques.

Ce bunker anti-nucléaire, autrefois secret, situé à 50 mètres sous terre, se trouvait sous un Parlement. Son objectif était de mettre en sécurité les dirigeants et son comité en cas de raid nucléaire éventuel. Une fois le danger passé, ils étaient censés prendre le métro jusqu’à une gare, puis changer pour un train blindé. Cet ouvrage souterrain fut construit par des ouvriers qui pensaient créer un tunnel de métro, afin qu’ils ne puissent pas divulguer que ce cela deviendrait un bunker secret.

L’abri pouvait accueillir 2 200 personnes, avec une superficie de 3 500 à 3 800 mètres carrés, a été achevé en 1962 ou 1963. Il était équipé d’un mécanisme de filtration de l’air d’une capacité de 4 000 mètres cubes, adapté à filtrer les poussières radioactives. Un réservoir d’eau de 150 mètres cubes et un générateur ont également été installés, capables de produire jusqu’à 30 kW d’électricité.

Usines souterraines

  • Centre industriel aéronautique : Le centre V

Dès 1936, le Ministère de l’Air s’intéresse au potentiel du site de Cravant. Un vaste projet aéronautique intitulé « Centre V » est imaginé par les ingénieurs pour transformer la plaine et les carrières en un site industriel à l’abri des bombes. Le bénéficiaire est la Société Nationale de Constructions Aéronautiques de Sud Est : la SNCASE. Elle doit occuper le site pour y assembler le bombardier moyen moderne dont la France a tant besoin, le « LeO45 ».

Malheureusement, ces grands travaux ne débutent qu’à la déclaration de la guerre en septembre 1939, et malgré les efforts des bâtisseurs, aucun ouvrage ne sera achevé au moment de l’invasion allemande de juin 1940. Le « Centre V » devait pourtant produire des pièces et assembler le bombardier.

Les Allemands prirent toutefois possession des lieux en octobre 1943 pour les occuper jusqu’en août 1944. Ce sera plus de 160 avions qui seront réparés dans les carrières souterraines .

Les occupants ont laissé derrière eux un nombre considérable de carcasses d’avions, comprenant légèrement plus de 120 fuselages et environ 150 voilures, ce qui a transformé la carrière souterraine en un paysage apocalyptique, parsemé de pièces d’avions éparpillées. Cependant, de nos jours, il ne subsiste plus rien de tout cela, car les utilisateurs successifs ont complètement effacé toute trace de ces vestiges.

  • Missiles V1

Les missiles V1, également connus sous le nom de Vergeltungswaffe 1 (ou Vengeance Weapon 1) ou encore « buzz bombs », ont été développés par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces missiles, propulsés par un moteur à réaction, étaient conçus pour frapper des cibles stratégiques à longue distance, principalement des villes ennemies.

Les sites souterrains étaient fréquemment réquisitionnés pour en faire des usines de missile V1. Ces tunnels servaient de rampes de lancement pour les V1, offrant un certain nombre d’avantages tactiques aux forces allemandes. Tout d’abord, les souterrains offraient une protection contre les bombardements alliés, permettant aux missiles d’être stockés et lancés en toute sécurité. De plus, ils permettaient un lancement discret et rapide des missiles, réduisant ainsi les chances de détection par les forces alliées.

Dans les années 40, les forces d’occupation nazies prirent possession des tunnels du Cannerberg (Pays-bas) datant du médiéval. Ces tunnels seront alors utilisés pour établir une usine d’assemblage des missiles de type V1. Lors de l’offensive des Ardennes, les forces allemandes sont chassées du site, et les militaires évacués, permettant ainsi au commandement armé des forces américaines d’en prendre le contrôle.

Après la Seconde Guerre mondiale, et surtout avec l’avènement de la guerre froide, les forces américaines installent un poste de contrôle sur le site en 1949. Le commandement évalue favorablement les installations existantes, notant également que les voies d’accès sont déjà bétonnées et que l’électricité est en place. Du fait de son emplacement isolé, le site est jugé idéal et la carrière est alors transformée en bunker. Les travaux d’aménagement commencent en 1956, et le site est classé top-secret.

Cette transformation entraîne une profonde métamorphose de l’ensemble des galeries. Une véritable ville souterraine émerge, avec notamment le bétonnage de certaines galeries, en particulier près de l’entrée principale. Les accès sont strictement contrôlés, et diverses infrastructures militaires sont érigées : poste de commandement, salle des machines, salle de téléphones, citernes, cuisine, infirmerie, toilettes et douches, bar, etc.

Pendant cette phase d’installation, tous les murs de la carrière sont scrupuleusement raclés, entraînant la disparition totale des inscriptions médiévales qui s’y trouvaient. Des signalétiques directionnelles sont alors installées, et les principaux axes sont transformés en rues, portant des noms tels que Alphastreet, Bravostreet, Golfstreet, Foxtrotstreet, etc. (voir visite virtuelle)

  • Missiles V2

Un peu partout dans le nord de la France, les Allemands ont entrepris de fabriquer et de stocker le missile A4 V2. Cette fusée avait une portée de 300 km, pour une précision de 8 km. Le propulseur qui l’anime fonctionne à l’alcool avec de l’oxygène liquide comme comburant. Suite aux premières, défaites allemandes, Hitler amorce le 22 décembre 1942 le programme de production industrielle de la fusée A4, qui est alors renommée V2. Ce nom est l’abréviation de « Vergeltungsawaffe 2 », ce qui signifie : « Arme de représailles N°2 ». Le choix de cette arme, plutôt qu’une autre, vient du fait que la fusée ne pouvait être contrée par aucune autre. De plus, elle peut être tirée à partir de sites de lancement mobiles et difficilement repérables. L’objectif était de bombarder Londres et d’empêcher le débarquement allié en Normandie, mais elle fut opérationnelle trop tard. L’organisation Todt prend en charge ce plan de construction d’ouvrages bétonnés spéciaux (« Sonderbauten ») destinés à produire les fusées. Il fut décidé de créer 2 types d’ouvrages : des usines d’assemblage et de stockage ainsi que des usines de production d’oxygène liquide.  Ce gaz était prévu pour être utilisé comme comburant pour la fusée allemande V2

La transition des missiles V1 aux missiles V2 pendant la Seconde Guerre mondiale était motivée par l’amélioration des technologies de propulsion et des capacités militaires allemandes. Les missiles V2 offraient une portée plus grande, une précision accrue, une capacité à transporter des charges explosives plus importantes, et répondaient aux besoins changeants de la stratégie militaire allemande pour infliger des dommages massifs aux villes alliées.

  • Torpilles

Le creusement d’un souterrain a débuté en 1933, pour y abriter un magasin de stockage de torpilles pour les sous-marins basés à Cherbourg. Après quatre années de travaux, le site est achevé : le long d’une galerie centrale de 98 mètres, huit alvéoles latérales sont creusées pour accueillir les torpilles et tester leur étanchéité. Les ouvriers ont juste eu le temps de s’y installer avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale.

Le 19 juin 1940, malgré une résistance vaillante, le fort qui domine la Montagne et ses souterrains doit baisser pavillon devant les Allemands. Convaincus de son utilité stratégique, ils creusent d’ailleurs une galerie supplémentaire et quatre batteries, abritant chacune un canon de 105 d’une portée de 15 kilomètres, le tout relié par un poste de commandement.

Quatre ans plus tard, presque jour pour jour, les installations militaires sont prises par les Alliés. L’assaut donné par le 313e régiment d’infanterie de l’armée américaine se termine par des combats à l’arme blanche. Les pertes sont très lourdes de part et d’autre.

Durant la Guerre froide, le souterrain conserve sa vocation. Il est aussi prévu qu’en cas de conflit armé ou d’exercices, l’amiral commandant l’arrondissement maritime y installe son PC. Dans la salle de commandement, pas de bouton rouge pour déclencher une attaque nucléaire, ni même de fauteuil élyséen. Mais des cartes géantes aux murs, des portes blindées et un sas d’évacuation 

  • Cuve de stockage

On retrouve également pour différents projets militaires de nombreuses cuves de stockage de mazout ou de produit chimique destinées à la fabrication de missiles et d’armes

  • Usine de production de turbine pour les avions de guerre

En 1943, les forces américaines et britanniques ont lancé une campagne de bombardement réussie contre les usines de l’Allemagne nazie. Face à cette menace, Hitler a ordonné le déplacement des usines sous terre vers des endroits secrets afin de maintenir la production de guerre vitale. Une colline en Allemagne a été sélectionnée pour la construction de tunnels d’une superficie allant de 42 000 à 60 000 mètres carrés.

Les travaux ont débuté en avril 1944, impliquant une grande entreprise de construction allemande spécialisée dans la construction de structures souterraines, telles que les réseaux d’égouts et les chemins de fer souterrains. Fondée en 1890, cette entreprise avait joué un rôle crucial dans la reconstruction de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale et avait contribué à la création d’emplois dans le secteur du bâtiment avant la guerre.

Le camp de concentration nazi, situé à proximité, fournissait la main-d’œuvre esclave pour les travaux. À la fin de la guerre, environ 13 km de tunnels avaient été creusés pour abriter une usine produisant des pièces de turbine pour les avions de guerre. Cependant, ce projet a coûté la vie à approximativement 4 500 travailleurs esclaves. Le 11 avril 1945, les tunnels et le camp ont été libérés par l’armée américaine, et près d’un millier de prisonniers ont été secourus du camp de concentration.

Dépôt de ravitaillement avancé

Après la Seconde Guerre mondiale, les bunkers, initialement destinés à être démolis par l’Armée rouge, ont été préservés pour une utilisation future. Dans les années 1970, l’armée est-allemande a considérablement agrandi ces tunnels pour former un dépôt de ravitaillement avancé. Approvisionnés avec des tonnes de munitions et d’équipements, les tunnels pouvaient distribuer leur stock en 24 heures grâce à un système efficace de chargement.

Après la réunification, l’armée nationale de la République fédérale d’Allemagne a repris les tunnels, retirant toutes les munitions pour des raisons de sécurité.

Hopitaux

Les hôpitaux souterrains apportent une réponse ingénieuse aux défis posés par les conflits armés. Ces structures souterraines offrent un refuge sûr et efficace pour fournir des soins médicaux d’urgence dans des situations dans lesquelles les hôpitaux traditionnels peuvent être compromis ou débordés.

L’un des principaux avantages des hôpitaux souterrains est leur potentialité à résister aux attaques aériennes, aux bombardements et aux autres formes de destruction. En étant situés sous terre, ces établissements sont protégés des dommages directs causés par les explosions et les débris, assurant ainsi la sécurité des patients, du personnel médical et des équipements vitaux.

De plus, les hôpitaux souterrains sont souvent équipés de systèmes sophistiqués de ventilation, de filtration de l’air et de purification de l’eau, garantissant des conditions sanitaires optimales. Ces installations sont conçues pour être autonomes en cas de coupure de courant ou d’interruption des services publics, avec des générateurs de secours, des réserves d’eau et des provisions médicales stockées sur place.

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